Passage d'un système énergétique qui repose essentiellement sur l'utilisation des énergies fossiles à un mix énergétique fondé majoritairement sur des énergies renouvelables, avec l'appui éventuel du nucléaire et le développement de l'efficacité énergétique.
Le concept de transition énergétique sous-entend une transformation structurelle des modes de production et de consommation énergétique (électricité, chauffage ou transport). Confrontées aux enjeux du dérèglement climatique et à la raréfaction attendue des énergies fossiles et fissiles conventionnelles, les sociétés modernes ont amorcé une transition de ce type reposant sur deux grands types de changements : une réduction de la consommation globale d'énergie et une évolution du mix énergétique vers une utilisation accrue et idéalement prépondérante des énergies renouvelables, au détriment des énergies fossiles. Cette transition s'opère, en Europe particulièrement, dans les limites qu'impose la sécurité d'approvisionnement.
Sous sa forme contemporaine, le concept de transition énergétique prend de l'ampleur dans les années 1980 en Europe, particulièrement en Allemagne. D'autres transitions énergétiques sont toutefois déjà intervenues par le passé – la découverte du feu, l'invention de la roue et l'utilisation de la traction animale, le recours aux moulins à vent et à eau – avant que ne s'impose l'ère industrielle et que l'exploitation des énergies fossiles (charbon, gaz et pétrole) ne permette une expansion économique sans précédent.
Pour appuyer la transition énergétique en cours, plusieurs grands accords mondiaux et européens engagent, de manière plus ou moins contraignantes, les États signataires : Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (1992), Protocole de Kyoto (1997), paquet climat-énergie 2020 de l'Union européenne (UE) (ensemble formé par une décision et deux directives européennes de 2009), Accord de Paris (2015) ou encore Pacte vert pour l'Europe (2019, mieux connu sous l'appellation Green Deal européen). Ce dernier texte, adopté sous la forme d'une loi par le Parlement européen en juin 2021, rend juridiquement contraignant pour l'Europe l'objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55 % d'ici à 2030 par rapport à 1990 et celui de neutralité carbone d'ici à 2050.
À la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, en février 2022, et de la crise énergétique qui en a découlé, et qui avait déjà été amorcée lors de la reprise économique après les confinements liés à la pandémie de Covid, l'Union européenne prend conscience de sa dépendance au pétrole et, surtout, au gaz russe. Pour y mettre un terme, elle adopte le plan REPowerEU qui vise notamment à renforcer son autonomie stratégique dans le secteur de l'énergie et à accroître son soutien à la transition vers une énergie propre. Pour y parvenir, l'Union européenne entend améliorer ses infrastructures et ses installations énergétiques, diversifier ses sources d'approvisionnement (notamment en gaz naturel liquéfié, GNL), renforcer ses efforts pour accroître l'efficacité énergétique des bâtiments, accélérer la décarbonation de l'industrie, augmenter la production de biométhane durable et d'hydrogène renouvelable ou non fossile, accroître la part des énergies renouvelables et accélérer leur déploiement, inciter à la réduction de la demande d'énergie ou encore soutenir le développement des solutions de stockage de l'électricité.
Malgré l'opposition des organisations non gouvernementales (ONG) environnementales, le Parlement européen approuve également, dans le courant de l'année 2022, la proposition de la Commission européenne visant à inclure le gaz fossile et le nucléaire dans la taxonomie verte. Ce système lancé en 2018 par la Commission européenne propose une classification des activités économiques selon le rôle qu'elles ont à jouer dans la transition énergétique à mettre en place pour atteindre la neutralité carbone en 2050. L'objectif de cette taxonomie européenne est de guider et de mobiliser les investissements privés vers l'exploitation des énergies considérées comme durables sur le plan environnemental, à savoir celles qui n'aggravent pas le dérèglement climatique. Dans ce cadre, la Commission européenne a estimé que l'exploitation du gaz et du nucléaire pouvaient être considérées, à certaines conditions, comme des activités transitoires devant faciliter le passage vers un modèle énergétique s'appuyant majoritairement sur les énergies renouvelables. Des exemples peuvent être fournis un peu partout en Europe. Ainsi, pour assurer sa sécurité d'approvisionnement, la Belgique a décidé de prolonger deux de ses sept réacteurs nucléaires (Doel 4 et Tihange 3) au-delà de 2025 et de soutenir, via le mécanisme de rémunération de capacité (CRM), la construction de deux nouvelles centrales au gaz, à Flémalle et à Seraing. Quant aux énergies renouvelables, l'ambition de l'Union européenne, traduite dans le plan REPowerEU, est qu'elles représentent 45 % de la consommation d'énergie de l'Union européenne d'ici 2030 (contre 23 % en en 2022).
Le rythme auquel la transition énergétique se concrétise reste cependant une donnée sensible à de nombreux éléments : l'évolution du contexte géopolitique mondial, la mise sur le marché de nouvelles capacités de production fossiles (gaz de schiste, GNL…), l'évolution des coûts et des moyens de déploiement des énergies renouvelables, la volonté politique de subsidier ces dernières… En outre, le rôle à jouer par l'énergie nucléaire dans cette transition énergétique fait débat. Dans un contexte d'urgence climatique, l'industrie nucléaire peut faire valoir un bilan carbone très avantageux, mais elle génère également des déchets dont l'élimination reste à ce jour un problème sans solution.
![]() |
Fragments sonores (RadioPanik)« transition énergétique » |